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Le Forum Caribéen des Energies renouvelables a ouvert ses portes

17
octobre
2012

La 4ème édition du CREF a débuté le 15 octobre à Puerto Rico.

Au programme, conférences, débats, échanges commerciaux. Avec comme objectif central de développer les énergies renouvelables et l’interconnectivité dans la Caraïbe.

Chaque année le CREF regroupe plus de délégations, de partenaires, et de gouvernements de la Grande Caraïbe. Chaque région présente ses innovations technologiques et grands projets afin de développer de nouveaux réseaux et proposer des solutions à la forte demande énergétique des îles. Car du Nord au Sud, la problématique est identique : une forte croissance de la demande, des réseaux de petite taille, des moyens de production limités et fortement dépendant des énergies fossiles. Face à l’augmentation des prix du pétrole et à leur contrainte insulaire, les pays de la Caraïbe ont donc un véritable défi à relever pour continuer leur développement économie : inventer un système énergétique novateur, axé sur les énergies renouvelables et l’interconnectivité entre les îles.

Louis Galantine « nous avons un réel savoir-faire à vendre »

Comment se déroulent les conférences ?

« Ce matin, nous avons abordé un sujet délicat, à savoir le foncier dans la Caraïbe. Dans des îles comme la Guadeloupe, la Dominique où la Martinique, nous sommes en effet face à un problème de foncier car, souvent, les terres appropriées à l’installation de fermes éoliennes ou solaires sont situées sur des terres privées. Il faut donc trouver des solutions adaptées et permettre un développement intelligent de ces énergies renouvelables. Cela se fait déjà, à Marie-Galante par exemple, où les projets conjuguent agriculture et production d’énergie photovoltaïque.

Le problème du coût des énergies était également au cœur des débats et à Haïti par exemple, il reste encore difficile de développer des projets. Pourtant, seuls 30 % des Haïtiens ont accès à l’électricité en 2012. Il est urgent de leur proposer des solutions adaptées à leur mode de développement et à leur économie ».

Quelles sont vos attentes sur un forum tel que le CREF ?

 André Bon « Développer l’interconnection entre les îles »

« Nous avons un savoir-faire à vendre, grâce à notre leadership en matière de géothermie à l’échelle de la caraïbe. Nous avons également un bon retour d’expérience sur l’éolien puisque c’est en Guadeloupe que les premières éoliennes rabattables en cas de cyclones ont été conçues. Par ailleurs, EDF et les différents partenaires du monde des énergies renouvelables ont appris à travailler entre eux et ont développé des réseaux intelligents d’électricité qui conjuguent les différentes sources d’énergies. Enfin, politiquement, la région Guadeloupe a aussi mis en place des cadres juridiques adaptés afin que les investisseurs puissent faire avancer sereinement leurs projets ».

Quel bilan tirez-vous de cette 4e édition du CREF ?

 « Ce forum a franchi un cap par rapport aux éditions précédentes, j’en veux pour preuve la présence de nombreuses institutions financières internationales. Et pour la première fois on parle aussi d’inter-connection entre les îles. L’augmentation du prix du pétrole entraîne un nécessaire réajustement de l’offre et, pour cela,   chacun essaie de trouver de nouvelles solutions. Car, pour continuer leur développement économique, les îles de la Caraïbe ont un réel besoin d’énergie. Sans cela, elles vont rester en arrière. Et à ce niveau, elles ont toutes le même problème : une consommation en forte hausse.

 Les institutions et les entreprises du secteur des énergies renouvelables sont-elles sur la même longueur d’onde ?

 De nombreux gouvernements caribéens travaillent actuellement sur leurs stratégies énergétiques et un colloque s’est d’ailleurs tenu en septembre à Saint Kitts. Car l’enjeu est de structurer les territoires, d’offrir un cadre juridique et de conjuguer maîtrise de l’énergie et développement des énergies renouvelables.

 La Guadeloupe n’a t-elle pas une longueur d’avance en la matière ?

 Si puisque notre stratégie a déjà été définie par le  PRERURE, le plan énergétique régional pluriannuel de prospection et d’exploitation des énergies renouvelables et d’utilisation rationnelle de l’énergie en 2007.  Ce plan vise à réduire notre consommation en mettant en œuvre une réelle politique de maîtrise de l’énergie et à encourager un fort développement des énergies renouvelables. Pour 2020, nous nous sommes fixés comme objectif d’assurer plus de la moitié des besoins électriques de la Guadeloupe par des ressources locales.

Durant le CREF, vous présenterez une table ronde sur le thème « Quelle méthodologie de développement intégré de projet ? » autour de la géothermie. Quels en sont les objectifs ?

Il s’agit d’informer les autres îles de la Caraïbe de notre projet de développement de la géothermie entre la Guadeloupe, la Dominique et la Martinique et de les inviter à y participer. Et bien sûr de démontrer notre savoir-faire dans ce domaine car les potentiels dans ce secteur sont nombreux à l’échelle de la Caraïbe  et les contraintes identiques. Nous avons une longueur d’avance à ce niveau, à nous de le faire savoir pour développer d’autres projets de ce type dans le grand bassin caribéen.

Quelles sont les autres îles riches en potentiel géothermique ?

Nevis, Saint Kitts, Montserrat qui vient de commencer des forages d’exploration, Sainte Lucie ou encore Saint Vincent… Quant à Grenade, par exemple, elle est toute petite, mais pourrait révéler un potentiel géothermique très important. À terme, on pourrait tout à fait imaginer qu’elle produise de l’électricité pour sa voisine la Barbade qui cherche à diversifier ses approvisionnements. Mettre en place une telle inter-connectivité à l’échelle régionale permettra dans un premier temps de stabiliser les réseaux pour, dans un second temps développer les énergies intermittentes.